

La beauté des paysages urbains
À l’aube, les deux pieds dans un marais, je tentais de capter la lumière du paysage grandiose qui se réveillait devant moi. Je me disais à cette époque : « Impossible de me lasser de la nature pour effectuer mon travail ». Photographe indépendant, je me spécialisais à cette époque dans les mandats géographiques tels les paysages et le plein air. Combien de fois, j’ai gravi des montagnes à la lampe frontale, traversé des rapides tumultueux à la seule envie de photographier le moment présent dans des endroits isolés de tous.

Malgré ces paysages splendides au lever du soleil et ce calme où j’ai pu me ressourcer, le silence tant apprécié était devenu bruyant. J’avais envie de me renouveler, de retrouver la magie et de goûter encore une fois à cette intensité qui caractérise si bien les premiers balbutiements de la vie de photographe. Grâce à un audacieux client, reconnaissant de la qualité de mon travail, j’ai tenté ce virage vers le monde urbain.


L’ambiance sonore de la ville avait maintenant une toute autre note et une toute nouvelle intensité. Cependant, j’ai dû apprendre à composer avec de nouveaux défis puisque je devais à l’avenir gérer le temps et le trafic lors de mes déplacements, trouver des stationnements parfois rares et étonnamment me plonger dans des situations farfelues telles qu’espérer qu’un camion de livraison quitte son stationnement improvisé pour me permettre de saisir l’image tant convoitée à la période parfaite de la journée où la lumière est à son meilleure! Mais combien de sujets, de jeux de couleurs, de formes et de possibilités quasi infinies se présentaient dorénavant devant moi : une expérience exaltante de créativité, rien de moins. Nous voilà, quelques années plus tard, une trentaine de villes d’Amérique captée dans mon appareil, je n’aurai jamais pu imaginer un tel tournant


Prévoir l’imprévisible
Même si nous avons parfois l’impression comme photographe de composer sur les lieux même les photographies que notre intuition nous dicte, la clé du succès de la photo urbaine, à mon sens, c’est avant tout de réaliser un bon repérage des lieux avant même d’arriver sur place. Aujourd’hui, la technologie des iPhones/iPad, Google maps, Streetview et autres sont des outils presqu’aussi importants que l’appareil photo lui-même. Savez-vous que dans la plupart des cas, je vois déjà où je vais déposer le trépied?


Connaître les lieux comme un « local »
Lors d’un shooting à Vancouver, la connaissance préalable des lieux s’est avérée être mon salut. Positionné à 4 heures du matin sur le toit d’un hôtel dans le fairview, tout semblait parfaitement aligné pour mon projet de skyline de la ville. Après plus de 45 minutes d’attente dans la fraîcheur de la nuit, les premières lueurs du jour ont fait leurs apparitions laissant présager un superbe lever de soleil! Le genre de scénario où on doit miser un seul coup et que le seul valable est celui-là. Soudainement, tel un raz de marée, un brouillard est arrivé du Pacifique venant complétement compromettre tout le projet. Le genre à couper au couteau. Impossible de distinguer quoique ce soit à plus de 25 mètres, même les gratte-ciel s’étaient dissimulés derrière cet amas de nuages chargés.
Première pensée en tête, celle de retourner sous les draps confortables et chauds de mon lit d’hôtel. Après une longue attente à faire les cent pas près du trépied dans la brume matinale, inutile de mentionner l’humiliation de repartir sans image. Cependant, je ne me suis pas arrêté là. Un photographe professionnel doit user de tout son savoir-faire pour revenir avec les images tant convoitées. Ici pas de place pour les excuses! Ma seule devise dans ces moments se résume ainsi « l’échec n’est pas une option! ». Un bon repérage m’avait permis de connaître mon environnement. Je savais très bien qu’en moins de 25 minutes de voiture, je pourrais atteindre les montagnes de North Vancouver. Avec un peu de chance, j’allais être par-dessus les nuages et ce, juste à temps! Une fois sur place, j’ai vu ce qui m’attendait. Entre deux fous rires nerveux, je déballais mon matos pour réaliser une photo qui je savais, marquerait un tournant dans ma carrière! Cette image m’a value une publication dans le National Geographic.

Beau temps mauvais temps, sur le terrain
Après une dizaine d’années à jongler dans la photographie professionnelle, j’en ai vue de toutes les couleurs, mais la plus populaire demeure le bleu. D’ailleurs combien de fois j’ai souri en coin en lisant la « très étrange » clause « ciel bleu » dans les contrats de prise de vue. Celle-ci m’obligeant lors d’une assignation à ne mettre le pied dehors que si le ciel était complétement dégagé. Pour ma part, cette lumière n’est bonne que dans la première heure et dans la dernière heure de la journée! Le reste du temps, elle est dure et très contrastée. Même trop contrastée! Cependant, je peux facilement admettre que mes plus belles photos ont été réalisées par temps couvert ou par mauvais temps. Car après tout, la photographie c’est avant tout une question d’ambiance! Et quelle superbe ambiance obtient-on par une journée de bruine?



Je me revois à Los Angeles il y a quelques mois, le poste de radio blues de l’endroit interrompait soudainement sa programmation pour émettre des alertes météorologiques aux 20 minutes. De fortes pluies s’abattaient sur la région, le mot d’ordre était de se mettre à l’abri! Même la célèbre et la très luxueuse Rodeo Dr était menacée par les crues éclaires. Dans le confort de ma chambre d’hôtel, je réalisais quelques retours de courriel en me disant que tous mes projets de prises de vue du lendemain matin étaient à remettre. J’ai malgré tout programmé mon réveille-matin quelques temps avant le lever du soleil. Juste au cas où…
Ce matin-là, malgré l’alarme sonnée, le désir de replonger dans un profond sommeil était très puissant. Malgré tout, je me suis glissé de peine et de misère hors du lit afin de constater les conditions météo. Les yeux collés, j’ai ouvert avec conviction les fameux rideaux opaques de l’hôtel. Comme plongé dans un rêve, le souffle coupé, j’ai vu ce nuage surplombant le centre-ville de Los Angeles. Puis au loin, un Boeing 747 en final pour LAX! La lumière était sublime! Dans un branlebas de combat où l’adrénaline était à son plus fort, je me suis précipité vers mon appareil photo, j’ai entrouvert la fenêtre de ma chambre d’hôtel située par pur hasard à cet endroit et réalisé cette fameuse photo. Cette image a été publiée dans un dossier sur la Californie au National Geographic. Le plus concasse dans cette histoire, c’est que j’ai fait cette photo en sous-vêtement!





Astuces pour la photographie urbaine
Gps pour iPhone : Application Garmin North America.
Trajectoires solaires, heures de lever et coucher de soleil : Application TPE Photographer Ephemeris
Notes de terrain : Carnet reporter Moleskine ou application Moleskine.
Pour en savoir plus sur mon travail en photographie urbaine :
Portfolio villes Canada
Portfolio villes USA
Portfolio villes Europe
Magnifiques photos…tellement inspirantes et uniques!
Merci!